Beaugency
[Épuisé]

Extrait

Beaugency : un espace très tôt fréquenté,
un site tardivement occupé

Il est manifeste que la Loire, selon la belle formule d’Albert Demangeon, « a fait surgir la vie urbaine à chaque pas », et ce très tôt dans l’histoire. Dans la grande courbe de la Loire moyenne, entre Gien et Blois, huit anciennes villes fortes s’échelonnent sur sa rive droite en un peu plus de 100 kilomètres. La plupart sont attestées antérieurement à la période carolingienne. Beaugency n’apparaît pas si précocement. Pourtant, le secteur de la future localité a été très tôt fréquenté par les hommes et a même suscité des installations plus ou moins durables. Le succès rapide que connaît le castrum balgentien une fois surgi dans l’histoire (X^e siècle) conduit donc à s’interroger sur les conditions qui ont présidé à cette accession tardive. Pourquoi là ? Pourquoi à ce moment-là ?

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Beaugency hors les murs

Le faubourg de la rue de Rivière

Au pied de la terrasse surplombant la Loire existait au Moyen Âge un quartier où vivait tout un petit monde subsistant du fleuve. La plus ancienne mention du site remonte au début du XIV^e siècle à propos de la maison de Marion Coignette : « si comme elle se poursiet seant en la rivière [la Loire] joignant aux murs des fossés notre seigneur le roy et en sa censive », maison accolée à celle d’un dénommé Jehan Quoquade et son épouse.

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Le bâti du départ des Anglais au début des guerres
de religion (1431-1562)

Mais c’est bien sûr le retrait définitif de la soldatesque qui engagea un véritable processus de reconstruction durant plus d’un siècle. Ainsi, en 1431, rue des Querres, près de la propriété du commandeur de Saint-Marc d’Orléans, le prieur du Saint-Sépulcre bailla à un boulanger et à son fils pour leur vie durant un four et la maison dépendante, à charge de les réédifier, l’ensemble étant en « frou », c’est-à-dire en ruine, abandonné, alors qu’une trentaine d’années auparavant, four et maison étaient en bon état, à l’exemple de la masure signalée ci-dessus en 1427. Et en 1433 on refait 24,5 toises de gros mur du château « demoliz par le siege qui fut fait devant icelui chastel ». En 1442, rue de la Cordonnerie près du château, une maison et un terrain « ou antiennement estoient deux maisons et ou est maintenant un frou et desert et comblé de terre » furent donnés à bail.